Tribu-te

JUST ME – Zoë Irwin

Zoë Irwin, coiffeuse talentueuse, a su intégrer la mode dans son travail, se plaçant au cœur des tendances qu’elle sait à la fois créer et prédire. Aujourd’hui directrice artistique des salons John Frieda à Londres, elle revient sur son parcours artistique qui l’a amenée à travailler avec les plus grands.De quoi inspirer les jeunes générations. Zoë est une amie de longue date de Tribu-te. Elle a conquis nos cœurs avec une présentation aussi charmante qu’aboutie lors du premier défilé Tribu-te à Paris en 2006. Son parcours professionnel l’a menée à exercer diverses activités, comme formatrice ou experte en tendances (pour les créer et les prédire). Elle renforce la visibilité de l’industrie, notamment en occupant des fonctions stratégiques en salon. Les magazines la sollicitent régulièrement, y compris Grazia. Coiffeuse styliste, Zoë Irwin a collaboré avec les plus grands, de Guido à Stella MacCartney. C’est une fille cool, chaleureuse et talentueuse. Elle nous en dit plus dans cet entretien.

 

Comment êtes-vous arrivée dans le monde de la coiffure ?

Je devais faire des études de littérature anglaises. Mais j’ai décroché un emploi d’été dans un salon de coiffure où je suis tombée sous le charme de l’ambiance, de la créativité et de l’énergie. J’ai convaincu mes parents de me laisser commencer un apprentissage. J’ai eu la chance d’être choisie comme modèle pour le défilé de Trevor Sorbie. Tout au long de cette journée, j’ai observé l’équipe de Trevor avec des étoiles dans les yeux. J’ai été fortement impressionnée.

Comment vous êtes-vous spécialisée dans l’interprétation et la prédiction des tendances ?
Mon frère était punk et moi, je me suis habillée dans un style néo- romantique pendant un certain temps. J’étais adolescente dans les années 80 où les looks étaient forts et percutants. Dans les années 90, j’aimais danser, je passais mes week-ends dans les clubs ou à faire du shopping. Ibiza était mon lieu de vacances. J’ai toujours été fascinée par les fluctuations des tendances et des cultures.

Et vous étiez particulièrement intéressée par la coiffure ?

En tant que coiffeuse, j’ai assisté Guido pendant 10 ans. Je l’ai regar- dé créer les nouvelles tendances dans la coiffure, avant de me lancer dans mes propres défilés. J’ai rapidement constaté qu’il y avait un immense fossé entre les looks proposés en salon et ceux présentés dans les pages des magazines comme Elle et Vogue.

Comment faites-vous pour intégrer la mode dans votre travail ?

À 36 ans, j’ai commencé à élaborer des menus de coiffures direc- tement inspirées des défilés de mode. Je leur ai donné des noms comme The Manhattan, Downtown Doll, et Show Pony. Je travail- lais pour le groupe Headmasters qui comptait 38 salons à l’époque. J’ai remarqué le potentiel du lien direct entre les tendances sur les podiums et les salons de coiffure classiques.

Et ça a marché?

Oui. Quand le magazine Elle UK a parlé de la « coupe Chloé » de la saison et orienté ses lectrices vers les salons qui proposaient ce look. Cette idée a façonné mes 16 dernières années. Puis j’ai intégré les Central St Martins School of Art et London School of Fashion où j’ai étudié pendant 4 ans les tenants et aboutissants des prévi- sions mode.

 

Vous avez collaboré avec beaucoup de grands noms. Pourquoi ?

En tant que directrice artistique du groupe Headmasters, j’ai été mise au défi de faire d’un groupe classique un salon cité dans Har- pers Bazaar et Elle. J’ai découvert la force que possède un grand groupe dirigé par une solide équipe de directeurs. On m’a sur- nommée la « reine du brushing » et j’ai été invitée à rejoindre GHD Professional qui lançait son premier sèche-cheveux. J’ai été recrutée par Blow Ltd dont l’un des membres fondateurs, Fiona McIntosh, a lancé le magazine Grazia au Royaume-Uni. J’adore relever des défis.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je suis la directrice artistique des salons John Frieda à Londres. J’ai l’impression que mes dernières années se passent au paradis des che- veux. Je me rends dans de magnifiques salons de coiffure forts d’une riche histoire. Je discute avec des clients, à côté de photos de Brigitte Bardot coiffée par John lui-même. Il m’arrive souvent de me pincer.

Nous savons que vous êtes aussi passionnée par les formations et les normes commerciales…
Je me suis toujours intéressée à la formation dans le domaine de la coiffure. J’ai créé le programme de mentorat Project X pour le Fellowship for British Hairdressing. J’ai également créé Style Squad pour GHD Professional. J’aime beaucoup les cursus qui s’articulent autour des tendances et des concepts capillaires novateurs. Ma ré- flexion repose toujours sur la question : comment inspirer la jeune génération de coiffeurs ?

Pouvez-vous citer un temps fort de votre carrière ?

J’ai créé des coiffures avec les célèbres tissus de Liberty. Le résultat a même été publié dans une page du journal The Guardian. Me re- trouver dans ses bureaux pour travailler avec son équipe artistique était la concrétisation d’un rêve. Puis le groupe Estée Lauder m’a demandé de créer mon propre rouge à lèvres en tant que coloriste. Le « Zoë » est sorti dans une édition limitée pour la marque Pres- criptives. Travailler avec des produits de beauté qui ont fait partie de mon enfance est une expérience absolument exceptionnelle.

Qu’est-ce qui vous aide à sortir du lit le matin ?

La nouveauté. Trouver un service beauté qui sera mentionné dans les magazines. Voilà ce qui me booste.

Qu’est-ce qui vous motive le plus lors des périodes difficiles ?

La jeune génération de coiffeurs me fait vibrer. Il n’y a rien de plus motivant qu’une journée de formation et l’enthousiasme exprimé par une jeune équipe pour le monde de la coiffure.

Qu’aimeriez-vous pouvoir dire à la jeune Zoë Irwin ?

De ne pas se précipiter car 35 ans après, tu continueras de jouer avec les différents éléments du monde de la coiffure.

C’est quoi la suite pour la marque « Zoë Irwin » ?

Je travaille actuellement avec un expert digital pour renforcer ma présence sur les réseaux sociaux. Je suis en train de lancer mes propres podcasts pour discuter des tendances créatives. Je souhaite interviewer mes amis qui travaillent dans la mode et les milieux artistiques. J’aimerais aussi faire des vidéos pour expliquer comment créer des « mood boards » et des coiffures mode.

Comment choisissez-vous vos projets ?

Il est important de privilégier les projets qui s’inscrivent dans la tra- jectoire choisie. J’ai travaillé avec un coach pour apprendre à décli- ner des projets. Pour moi, c’est difficile de dire non, mais je me rends compte que multiplier les activités affaiblit l’écho de mon message.

Quel sera votre héritage à la profession ?

J’aimerais beaucoup que l’on se rappelle de moi comme quelqu’un qui a inspiré d’une manière ou d’une autre la prochaine génération.

 

 

 

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